Le Centre d’Etudes pour le Financement du Développement Local (CEFDEL) s’est engagé dans son plan stratégique à conduire des travaux sur les pôles économiques locaux pour faciliter leur accès au crédit afin de stimuler la demande et la production en leur sein par une meilleure disponibilité monétaire.
Les études sur les CEIs sont conçues pour mieux implémenter la théorie monétaire de la production et son apport à la question de la demande et de l’offre que nous voulons stimuler dans les économies locales. Cette théorie explique l’importance de la création monétaire ex nihilo dans le processus de production et de mise à disposition de la demande monétaire correspondante. Sous ce rapport, les banques sont supposées avancer aux entreprises de la liquidité qu’elles créent par de simples jeux d’écritures. Cette liquidité sert à payer des salaires pour une production possible qui n’aurait pas eu lieu sans cette création monétaire virtuelle. La monnaie étant acceptée comme moyen de paiement, les travailleurs qui produisent ainsi davantage et qui aident à éviter que cette monnaie injectée ne crée de l’inflation ne font pas la distinction entre la monnaie nouvellement créée qui servira à acheter des biens déjà produits et des biens en production. L’essentiel est qu’il n’y ait pas en bout de cycle moins de biens et services que d’argent pour tous les travailleurs afin d’éviter l’inflation. A condition que le travail salarié ait un pouvoir d’achat plus ou moins stable, les travailleurs acceptent la monnaie émanant de la création monétaire bancaire comme rémunération.
Cette dernière forme de rémunération est le propre des économies monétaires modernes car il n’y a que dans les sociétés de troc que les agents économiques échangent biens contre biens. Cette dernière manière d’échanger le produit de sa main d’œuvre oblige les ménages dans ce type de société à produire en partie pour la subsistance, ne se spécialisant donc pas assez, car n’étant pas sûrs que les produits qu’ils peuvent échanger permettront d’obtenir les produits vivriers nécessaires à la survie. Si ces ménages se spécialisaient davantage, ils augmenteraient leur productivité, la croissance, et les échanges. On voit ici l’importance de la disponibilité de la monnaie (le crédit) et du travail salarié pour faciliter la spécialisation et les échanges. Dans une économie dans laquelle l’accès au crédit (disponible par la création monétaire bancaire) est limité, la croissance pourrait être freinée car la demande y compris pour des biens de production qu’une capacité de production existante aurait pu satisfaire n’est pas exprimée en terme monétaire alors que les besoins existent. La demande monétaire est la demande effective.
Dans les pays en développement, la disponibilité du crédit est insuffisante alors qu’elle est essentielle pour la création de richesses dans la théorie monétaire de la production à laquelle nous adhérons. Cette insuffisance s’explique par la frilosité des banques classiques qui peinent à trouver les leviers qui leur permettraient de mieux financer ces économies. Pour faire face à cette situation, le CEFDEL invite à un changement de paradigme par la mise en application d’un nouveau modèle de financement du développement à la base avec comme porte d’entrée les Communautés Economiquement Intégrées (CEI). Il s’agit de mettre en pratique ce modèle théorique de production monétaire conceptualisé par d’anciens économistes du FMI (Abdourahmane Sarr et Biagio Bossone) pour faciliter l’accès à la liquidité bancaire aux acteurs économiques par lesquels les flux de transactions transitent dans une communauté économiquement viable.(*)
Ces communautés sont définies comme des espaces dans lesquels les revenus monétaires ont un fort potentiel de re-circuler entre les acteurs économiques de la collectivité et donner un effet multiplicateur stimulateur de demande et de production locale si la liquidité bancaire devait y être injectée. Les banques pourraient ainsi capturer la liquidité re-circulant dans la communauté pour soutenir l’expansion du crédit tout en minimisant les fuites nettes soutenues de liquidité à l’extérieur de cette zone d’intervention par des importations et sorties nettes de fonds. Si le nombre de banques était très réduit, étant donnée la recirculation monétaire dans le même espace et à travers ces banques, les effets des non-remboursements de crédits sur la liquidité de ces dernières se trouveraient ainsi très réduits garantissant leur pérennité.
Dans un contexte de sous-bancarisation et d’urbanisation, l’achat d’un moyen d’échange sous forme papier et/ou électronique par des individus et entreprises membres d’un même réseau par le biais d’une société fiducaire (SOFADEL) qui les représente pourrait bancariser la monnaie officielle. Une fois bancarisée, la monnaie officielle pourrait servir de levier d’inclusion financière en moyen d’échange (de crédit consommateur des marchands) dans le périmètre de la CEI et accompagner le financement des entreprises.
(*) Voir « Noncredit money to fight poverty” Biagio Bossone et Abdourahmane Sarr”, 2002.